La Corée du Sud traverse une période de turbulence politique sans précédent depuis début décembre 2024, impliquant la destitution de deux présidents successifs et plongeant le pays dans une crise constitutionnelle majeure.
La chute de Yoon Suk-yeol
Le 3 décembre 2024, le président Yoon Suk-yeol a tenté d'imposer la loi martiale, envoyant l'armée au Parlement dans un geste qui a rappelé les heures sombres de la dictature militaire.
Cette décision choc a provoqué une réaction immédiate :
- Des milliers de manifestants sont descendus dans les rues
- Le Parlement a réussi à voter une motion exigeant la levée de l'état d'exception
- Yoon a été contraint de faire marche arrière quelques heures plus tard
Le 14 décembre, l'Assemblée nationale a voté la destitution de Yoon Suk-yeol, entraînant sa suspension immédiate.
Des accusations graves pèsent sur l'ancien président :
- Il est accusé de "rébellion" pour sa tentative d'imposer la loi martiale.
- Un tribunal l'a accusé d'avoir autorisé l'armée à ouvrir le feu pour entrer au parlement.
Malgré un mandat d'arrêt émis à son encontre, Yoon reste retranché dans sa résidence, refusant de se soumettre à la justice. Une tentative d'arrestation le 3 janvier 2025 s'est soldée par un échec, provoquant des tensions entre les forces de sécurité.
La destitution du président par intérim
Le chaos politique s'est aggravé lorsque le premier président par intérim, Han Duck-soo, a également été destitué par le Parlement le 27 décembre.
C'était la première fois qu'un président par intérim était destitué depuis que la Corée du Sud est devenue une démocratie.
Actuellement, c'est le ministre des Finances, Choi Sang-mok, qui assure les fonctions présidentielles en tant que deuxième président intérimaire. La Cour constitutionnelle a jusqu'à la mi-juin pour se prononcer sur la destitution de Yoon Suk-yeol.
Les conséquences
Cette crise a des répercussions importantes :
- La Corée du Sud a chuté dans l'indice de démocratie libérale de l'Institut suédois V-Dem.
- Le classement mondial de la liberté de la presse pour la Corée du Sud est passé de la 47e à la 62e place entre 2023 et mai 2024.
- Des manifestations de grande ampleur sont prévues, avec des rassemblements de détracteurs et de partisans de Yoon.
La visite prochaine du chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, à Séoul souligne l'importance internationale de cette crise.
Cette situation sans précédent met en lumière les défis auxquels fait face la démocratie sud-coréenne et soulève des questions sur l'avenir politique du pays.
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