Le monde du hip-hop est en pleine crise face aux récentes décisions artistiques de certains de ses piliers. RZA et Busta Rhymes, deux figures emblématiques du rap, ont récemment fait des choix qui remettent en question l'essence même du genre qu'ils ont contribué à façonner.
RZA : du Wu-Tang à la symphonie
RZA, le mastermind derrière le Wu-Tang Clan, a surpris son public avec la pochette de son dernier album "A Ballet Through Mud".
Est-ce une évolution naturelle ou un abandon de ses racines hip-hop ?
Le rappeur justifie ce virage en expliquant avoir puisé dans ses anciens carnets de lycée pour créer une narration musicale dépassant le cadre des simples paroles.
"J'ai retrouvé mon vieux carnet de paroles écrites entre mes 14 et 19 ans, et je voulais trouver un moyen de les mettre en musique, alors j'ai commencé à partir de cela comme fondation, en racontant une histoire d'une manière qui ne se limitait pas seulement aux paroles," a-t-il expliqué à BET au sujet de sa décision.
Cependant, on peut se demander si cette approche ne risque pas de dénaturer son image face à l'essence même du hip-hop, genre né dans la rue et porté par la voix des communautés marginalisées.
Busta Rhymes : quand le style vestimentaire fait polémique
Dans un registre différent mais tout aussi controversé, Busta Rhymes a fait sensation en montant sur scène vêtu d'un pantalon- robe.
Ce choix vestimentaire a provoqué un tollé dans la communauté hip-hop, avec des réactions particulièrement virulentes comme celle du rappeur français Rohff.
"Les bruits couraient déjà depuis 2010 dans les studios de Miami. 2024, tu te dévoiles et te voilà enfin en robe. Madame Jocelyne Busta Rhymes MDR ils vont tous finir avec un Tampax",
a déclaré Rohff sur Instagram, illustrant la résistance d'une partie de la communauté face à ces changements.
Un débat plus large sur l'évolution du hip-hop
Ces exemples s'inscrivent dans un débat plus large sur l'évolution des codes et des valeurs du hip-hop. Alors que certains saluent ces initiatives comme des signes d'ouverture et de créativité, d'autres y voient une trahison des fondamentaux du genre.
La question se pose : jusqu'où les artistes hip-hop peuvent-ils pousser les limites de leur art sans perdre leur identité ? Ces expérimentations enrichissent-elles le genre ou contribuent-elles à sa dilution dans le mainstream ?
Avez-vous déjà vu le public de Snoop Dogg, Nas ou Tupac Shakur être celui d'un artiste qui se travestit sur scène lors d'un show de rap ? Ceux qui iront à ce type de spectacle seront forcément attirés par le travestissement et sa curiosité, et non par la culture hip-hop dans son essence fondamentale.
Est-ce une tactique pour attirer plus de monde qui pourrait, au final, être fatale pour l'artiste ? Les millions de supporters à travers le monde feront-ils qu'une bouchée de l'artiste qui aura trouvé cela intéressant de se travestir sur scène, comme ce fût le cas avec Busta ?
En fin de compte, ces choix artistiques, qu'ils soient musicaux ou vestimentaires, reflètent les tensions au sein d'un genre en constante évolution. Le souci dans tout cela n'est pas qu'un artiste porte une robe ; l'humain peut bien faire ce qu'il veut. Il faut juste ne pas imposer une idéologie, car l'imposition d'une identité de genre est très mal perçue. Il existe une grande différence entre l'imposition et l'acceptation.
Entre tradition et innovation, les vétérans du rap marchent sur une ligne fine, risquant à chaque pas de s'aliéner une partie de leur base de fans tout en cherchant à rester pertinents dans un paysage musical en perpétuel changement.