Photo : Radio-Canada / Sylvain Roy Roussel
Le scandale SAAQclic, qui secoue actuellement le Québec, est devenu un symbole de mauvaise gestion publique et de dépenses incontrôlées.
Ce projet de transformation numérique de la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ) a non seulement dépassé son budget initial de 500 millions de dollars pour atteindre 1,1 milliard, mais il a également laissé des milliers d’usagers frustrés par des services en ligne défaillants.

La vérificatrice générale a révélé des informations accablantes, notamment des tests incomplets et des manipulations d'indicateurs pour masquer les problèmes.
Face à la pression publique et médiatique, le premier ministre François Legault a annoncé une enquête publique indépendante pour faire la lumière sur les responsabilités politiques et administratives.
Les ministres Éric Caire et Geneviève Guilbault ainsi que le bureau du premier ministre sont accusés d'avoir été informés des risques avant le lancement du projet, mais sans agir efficacement. Ce scandale soulève des questions sur la transparence et l’imputabilité au sein du gouvernement québécois.
Détournement de fonds publics
Pour comprendre l’ampleur du scandale SAAQclic, il est pertinent de le comparer au scandale des commandites, considéré comme l’un des plus grands scandales politico-financiers du Québec et du Canada. Entre 1997 et 2003, ce dernier impliquait l’utilisation abusive de fonds publics pour financer des campagnes publicitaires visant à promouvoir l’unité canadienne. Une somme estimée à 332 millions de dollars avait été mal gérée ou détournée, ce qui a conduit à la création de la Commission Gomery en 2004.
Dans les deux cas, les hauts dirigeants ont tenté d’échapper à leurs responsabilités. Les enquêtes ont révélé un manque flagrant de contrôle et une désinformation systématique envers les instances décisionnelles. Malheureusement, les deux scandales ont entraîné un gaspillage massif d’argent public, suscitant l’indignation populaire.
Le scandale des commandites a donné lieu à la Commission Gomery, tandis que le fiasco SAAQclic fait actuellement l’objet d’une enquête publique annoncée par François Legault.
Le scandale SAAQclic est un rappel brutal des failles structurelles dans la gestion publique au Québec.

Photo: Robert Skinner, Archives La Presse
Bien qu’il diffère du scandale des commandites par sa nature, il partage une caractéristique clé : l’absence d’imputabilité et de contrôle rigoureux. Pour éviter que ces fiascos ne se répètent, une réforme profonde en matière de transparence et d’évaluation des projets numériques est essentielle.
Malgré la différence d'échelle et de contexte, les deux scandales ont suscité des appels à des enquêtes publiques. Pour SAAQclic, le premier ministre François Legault a finalement cédé à la pression en annonçant une enquête publique et indépendante, rappelant la Commission Gomery mise en place pour le scandale des commandites. Ces enquêtes visent à restaurer la confiance du public et à prévenir de futurs abus.
Le scandale SAAQclic représente un risque politique majeur pour le gouvernement de la CAQ. Si l'enquête révèle des manquements graves dans l'encadrement du projet par le gouvernement, cela pourrait avoir des conséquences politiques importantes.
La responsabilité ministérielle est un principe important dans notre système politique. Les ministres François Bonnardel et Geneviève Guilbault pourraient encore faire face à des conséquences si leur implication ou leur négligence dans cette affaire est prouvée.
L'immunité criminelle ?
Il est important de noter que l'enquête publique annoncée vise précisément à déterminer les responsabilités de chacun, tant au niveau administratif que politique. Cela suggère que les ministres ne bénéficient pas d'une impunité totale et que leurs actions seront examinées de près dans le cadre de cette enquête.
La grande question qui se pose est la suivante : y aura-t-il des condamnations criminelles pour les responsables de ce fiasco ? Ces sanctions seraient essentielles pour dissuader les futurs décideurs de répéter le même stratagème, en pensant s'en sortir indemnes sur le plan pénal.
Actuellement, le calcul semble simple pour certains : risquer un scandale tout en conservant une retraite de millionnaire, plutôt que de faire face à un dossier criminel. Sans conséquences judiciaires sérieuses, ce type de comportement pourrait se reproduire.
Une triste histoire à suivre...
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