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Médias, justice et réputation : Les enjeux de l’affaire Lacroix, le spécialiste de la cuisine à 9 999 $

3 février 2025 par
Médias, justice et réputation : Les enjeux de l’affaire Lacroix, le spécialiste de la cuisine à 9 999 $
360 actu


Nous avons récemment eu l'opportunité d'échanger avec le spécialiste des cuisines à 9 999 $, M. Jean-Noël Lacroix, lors d'un entretien téléphonique. Notre conversation a porté sur les récents événements médiatiques dans lesquels il était le principal intéressé.


Voici un aperçu de la situation :

Au printemps 2024, les autorités fiscales québécoises ont engagé des procédures contre l'homme d'affaires controversé Jean-Noël Lacroix.

L'agence gouvernementale Revenu Québec cherchait à récupérer une somme, s'élevant à environ 1,7 million de dollars, pour des impôts présumément non payés.

Dans le cadre de cette démarche, le fisc a obtenu en mai 2024 une autorisation judiciaire pour saisir une propriété de grand standing. Cette demeure, d'une valeur estimée à près de 6 millions de dollars, est située dans la municipalité de Saint-Augustin-de-Desmaures, en périphérie de la ville de Québec.

L’Agence du Revenu du Québec (ARQ) soutenait que sa compagne, dont les revenus annuels ont varié entre environ 4 000 $ et 54 000 $ entre 2002 et 2020, n’agissait que comme prête-nom et que le véritable propriétaire de la résidence achetée en 2023 était Jean-Noël Lacroix.

 


La Cour supérieure du Québec

Cependant, l’honorable juge Marie-Paule Gagnon de la Cour supérieure du Québec a estimé que les arguments avancés par Revenu Québec étaient insuffisants pour justifier la saisie. Elle a conclu que l’agence n’avait pas réussi à démontrer que le recouvrement de sa créance était objectivement menacé, ni à identifier un acte précis de l’accusé visant à soustraire ses biens au fisc.


Malgré cette décision du 14 janvier 2025, la Cour devra encore se prononcer sur le fond du dossier.

 


La ligne est mince 

L’animateur de la radio 93fm à Québec, M. Dupont, a évoqué à plusieurs reprises à l’antenne que son épouse ne pouvait pas s’offrir une maison au prix actuel, en se fondant sur le revenu déclaré à Revenu Québec que la dite maison appartenait à M. Lacroix

En parler est une chose, mais insister ou affirmer avec une certitude absolue que ces faits sont avérés, surtout lorsque l’affaire est en cours devant les tribunaux, ne nécessite-t-il pas une certaine retenue dans les propos tenus ? La présomption d’innocence, pilier fondamental de notre société de droit, mérite d’être respectée avec une vigilance accrue, notamment par les journalistes.

Exaspéré des propos de M. Dupont en onde, M. Lacroix a partagé sur les réseaux sociaux des informations concernant les revenus de son épouse, pour les années 2021 à 2024. Selon ces déclarations, les revenus annuels de sa compagne auraient été les suivants :

  • 2021  : 397 000 $
  • 2022 : 300 000 $
  • 2023 : 307 000 $
  • 2024 : 424 000 $



La présomption d'innocence

Une personne qui ne possède pas grand-chose peut-elle rebondir et bâtir une fortune le lendemain si elle s’en donne les moyens ? La réponse est oui. Bien sûr, la grande majorité de ceux qui ont des revenus modestes ne deviennent pas millionnaires du jour au lendemain, mais est-ce possible ? Absolument. Alors, pourquoi M. Lacroix et sa conjointe ne pourraient-ils pas bénéficier de la même présomption ? 

Chacun porte son passé, mais sommes-nous à ce point inconscients pour juger une personne avant même qu’elle n’ait été entendue par la justice et que sa culpabilité ou son innocence soit établie ? Où est passée la présomption d’innocence ? De tels jugements hâtifs peuvent causer un préjudice profond à la personne concernée. Il est essentiel de faire preuve de prudence et de retenue avant de lancer des accusations de cette nature.


Les amalgames faciles !

Les médias et les gens en général ont tendance à faire des amalgames. Parfois, la perception des gens est plus grande que la vérité en soi.  

Chaque fois qu’on lit « serait…, selon nos sources », on se trouve dans une zone grise qui questionne le pouvoir des journalistes dans leurs propos. Il est essentiel de rester vigilant et de ne pas sauter aux conclusions sans preuves solides.

La limite entre la divulgation d’informations véridiques confirmées et l’atteinte à la réputation est mince. Les mots ont un poids, et leur impact peut être dévastateur, surtout lorsqu’ils touchent à l’honneur et à l’intégrité d’une personne. Dans un monde où l’information circule à une vitesse fulgurante, il est crucial que les médias assument leur responsabilité en s’assurant de l’exactitude de leurs sources et en évitant de propager des rumeurs ou des insinuations non vérifiées.

Le public, de son côté, doit également faire preuve de discernement. Il est facile de se laisser emporter par des titres accrocheurs ou des affirmations choc, mais il est important de prendre du recul et de chercher à comprendre le contexte avant de se forger une opinion. La présomption d’innocence et le respect de la vérité doivent rester des piliers inébranlables, tant pour les médias que pour les citoyens.

En fin de compte, l’objectif devrait toujours être de chercher la vérité, sans sacrifier l’éthique ni les droits des individus. Car, dans une société où l’information est reine, la crédibilité et l’intégrité sont des valeurs qui ne devraient jamais être compromise.

C'est là que l'atelier « À la une », prend tout son sens.


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