Publié le : 08/02/2025 à 04:08 --- Mise à jour : ---
Le boycott des produits américains au Québec, bien qu'il semble populaire, présente plusieurs incohérences et contradictions qui soulignent un immense ridicule.
Paradoxalement, ce boycott pourrait nuire à l'économie québécoise. De nombreuses entreprises américaines emploient des travailleurs québécois et contribuent significativement à l'économie locale. Par exemple, Kraft Heinz Canada emploie 1000 familles à Montréal et génère des retombées économiques de centaines de millions de dollars pour l’économie locale.
Utilisation de plateformes américaines
Le paradoxe hilarant du boycott des produits américains au Québec se manifeste de manière frappante dans l'utilisation des réseaux sociaux. Alors que les appels au boycott se multiplient, ils sont principalement diffusés sur des plateformes américaines comme Facebook, Instagram et X (anciennement Twitter), mettant en lumière l‘incohérence profonde envers ces technologies.
Cette situation crée une incohérence légendaire, particulièrement visible dans le cas du premier ministre François Legault. Alors qu'il encourage les Québécois à se détourner des produits américains, il continue d'utiliser X, une plateforme appartenant à Elon Musk, pour communiquer ce message
Confusion sur l'origine des produits et de la complexité des chaînes d'approvisionnement
Beaucoup de produits perçus comme américains sont en réalité fabriqués au Québec ou au Canada. Par exemple, certains produits Kraft sont fabriqués localement. Cette confusion peut mener à boycotter des produits qui soutiennent en fait l'économie québécoise.
Les chaînes d'approvisionnement mondiales rendent difficile l'identification précise de l'origine des produits. Comme le souligne Pascal Thériault, économiste et agronome, "on parle de grandes multinationales, mais souvent, les investisseurs ne sont pas dans un seul pays".
Impact sur les commerçants québécois
Retirer des produits américains déjà payés des tablettes entraîne des pertes directes pour les commerçants québécois. Ces stocks inutilisés doivent être liquidés ou entreposés, ce qui alourdit les coûts d’opération. Par exemple, certaines épiceries ont dû mettre en rabais des marques comme Pillsbury pour éviter des pertes totales. Ces actions ne pénalisent pas directement les entreprises américaines, mais affectent plutôt l’économie locale.
Le boycott affecte également des commerçants québécois qui utilisent des plateformes américaines comme Amazon pour vendre leurs produits. Par exemple, Steve Whitty, propriétaire de Piscine Aide, a vu ses ventes baisser de 9% sur Amazon à cause du boycott.
Conséquences inattendues
En évitant les produits américains, les Québécois pourraient involontairement nuire à leurs propres intérêts économiques. Comme le note le professeur Thériault, "La Caisse de dépôt investit dans plusieurs types d'entreprises pour faire fructifier notre bas de laine, donc on peut se faire mal à nous-même".
En conclusion, bien que le sentiment derrière le boycott soit compréhensible, sa mise en pratique révèle de nombreuses incohérences. Comme le résume Jacques Nantel, professeur émérite à HEC Montréal, "Le portefeuille est à droite, et le cœur est à gauche", soulignant le décalage entre les intentions et les actions réelles des consommateurs québécois.