L'industrie musicale a connu des bouleversements majeurs au cours des 20 dernières années. L'ère numérique a apporté son lot de défis, forçant certains acteurs à s'adapter tandis que d'autres sont tombés dans l'oubli. Aujourd'hui, la quantité phénoménale de contenu offre aux mélomanes un choix presque illimité, reflétant une diversité musicale sans précédent.
Une industrie en mutation
L'écosystème musical québécois traverse une période difficile. Les changements technologiques et sociétaux ont profondément modifié les règles du jeu, créant de nouvelles opportunités mais aussi de nouveaux obstacles. La question des redevances est également au cœur des préoccupations et constitue un point névralgique pour les artistes.
Un peu comme DJ Data010, l'un des nombreux DJ numériques qui conçoivent de la musique par intelligence artificielle, le tout contrôlé par un humain, certains d'entre eux sont même présents sur les stations FM. Juste pour vous donner une idée, le résultat est bluffant et parfois impossible à différencier d'une création humaine pour un simple amateur de musique. Pour vous prouver ce que j'avance, écoutez ceci.
La démocratisation des outils de production et de diffusion a entraîné une surproduction musicale. Si cela offre plus de choix aux auditeurs, cela rend aussi plus difficile pour les artistes de se démarquer dans un marché saturé.
Les revenus du streaming restent faibles pour la plupart des artistes. Pour vivre de leur art, beaucoup doivent multiplier les projets et les concerts, au risque de s'épuiser. Les cachets des spectacles n'ayant que peu augmenté en 20 ans, la pression est forte sur les musiciens et leurs équipes. La retraite d’un artiste n'est pas une période de tranquillité, surtout si son travail et sa carrière ne lui ont pas permis de constituer un fonds de pension adéquat.
Distinguer vétérans et pionniers
Dans ce contexte mouvant, il est crucial de redéfinir ce qui constitue le succès dans l'industrie musicale québécoise.
Le véritable succès se mesure à la capacité d'un artiste à remplir des salles par lui-même. Au Québec, peu d'artistes hip-hop y parviennent, mais il y en a quelques-uns, dont Souldia et le groupe Taktika, qui réussissent à le faire. Tandis qu'en France, des artistes comme Sexion d'Assaut, Ninho et Orelsan remplissent l'Accor Arena (l'Arena de Bercy).
Que tu sois d'accord ou non, cela ne change pas le fait que le talent et la réussite d'un artiste, au moment d'écrire ceci, se mesurent par la présence de ses fans fidèles. Cela signifie que les gens voudront acheter le produit de l'artiste, peu importe son prix.
Avoir 5 000 abonnés sur ta page avec à peine 5 000 vues, cela veut clairement laisser un message fort. Pour devenir un artiste accompli, il faut beaucoup de travail et cela nécessite le suivi d'une bonne stratégie.
Il est important de faire la distinction entre artistes vétérans et véritables pionniers. Un pionnier est celui qui ouvre de nouvelles voies, apporte des innovations majeures dans sa discipline. Une longue carrière ne fait pas automatiquement d'un artiste un pionnier, même si son expérience est respectable.
Pour illustrer, voici quelques exemples d'artistes considérés comme de véritables pionniers dans leur domaine respectif:
- Les impressionnistes (Monet, Renoir, etc.) qui ont révolutionné la peinture au 19ème siècle.
- Charlie Chaplin, pionnier du cinéma muet et de la comédie burlesque.
- Miles Davis, pionnier du jazz modal et de la fusion jazz-rock.
- Les Sex Pistols, pionniers du mouvement punk rock dans les années 70.
- Le groupe Rainmen, premier groupe de rap québecois à vendre un album exclusivement en Europe.
Vers un renouveau ?
Malgré ces défis, l'industrie musicale québécoise a le potentiel de se réinventer. Cela passe par :
• Une meilleure valorisation des véritables innovateurs
• Un soutien accru aux artistes émergents prometteurs
• Une réflexion sur les modèles économiques viables à long terme
• Un effort collectif pour promouvoir la diversité musicale québécoise au sein de la culture hip-hop.
La culture musicale francophone québécoise doit encore progresser pour atteindre le niveau de succès observé en Europe, où le hip-hop a réussi à s'imposer dans les grands médias de masse.
Avec une approche plus stratégique et un soutien renouvelé, l'industrie pourrait voir un renouveau prometteur, capable de refléter la richesse et la diversité de son talent local.
De toute façon, qu'on se le tienne pour dit : dans 20 ans, les "mon oncle" et "ma tante" de ce monde ne seront plus les auditeurs des grands médias. Ce seront les générations nées dans les années 80 et 90 qui, actuellement, forment la prochaine génération d'auditeurs de masse. Les médias sauront-ils s'adapter ? Les investisseurs seront-ils présents pour faire partie des précurseurs de ce renouveau ?